Là où il suffit de 15 jours pour voir un ORL ou un gastro-entérologogue, il faut souvent patienter 5 à 10 fois plus longtemps pour consulter un ophtalmologiste, sauf urgence.
Pourtant,
- les ophtalmologistes travaillent souvent plus de 50H par semaine ;
- ils ont augmenté leur activité individuelle en moyenne de 30% en dix ans
- ils détiennent le record d’actes par praticien toutes spécialités soignantes confondues.
De fait, près de 50% de la population arrive à voir son ophtalmologiste tous les ans, à condition de programmer les rendez-vous de plus en plus à l’avance.
D’autres spécialités ont les mêmes délais, les rhumatologues par exemple, mais, n’étant pas des spécialistes en accès direct comme les ophtalmologistes, la possibilité de passer entre temps par le généraliste facilite les choses.
Les Ophtalmologistes expliquent les délais à leurs patients
Alors qu’en moyenne les autres spécialités ont depuis progressé de 30% depuis 1990, on compte 4 fois moins de nouveaux diplômés en ophtalmologie.
Le desserrement du numerus clausus n’a pas profité à l’ophtalmologie : avec deux fois plus d’internes en médecine, l’ophtalmologie ne gagne pas un poste de plus...
Cette situation a été aggravée par le MICA, une incitation gouvernementale à mettre les médecins à a retraite plus tôt, qui a envoyé 206 libéraux en pré-retraites entre 1997 et 2003.
72% de départs à la retraite entre 2008 et 2025 !.
Chaque cabinet qui ferme engorge 5 à 10 cabinets aux alentours.
Enfin, les nouvelles installations ont diminué car les nouveaux diplômés ont souvent été incités, faute d’internes en nombre suffisant, à faire une carrière hospitalière. De son côté, l’hôpital a cherché aussi à se dégager de toutes les pathologies de premier recours, faute de personnel médical. Il y a donc eu une stagnation et même une légère réduction de l’offre médicale dans les cabinets d’ophtalmologie.
On ne forme que 100 nouveaux ophtalmologistes par an alors que les besoins sont estimés à 3 par million d’habitants, soit au moins 200 par an.
Tous nos voisins forment 3 fois plus d’ophtalmologistes par habitant que nous
Le vieillissement de la population est sans précédent dans l’histoire. Les 60 ans et plus, qui sont déjà 21,5%, atteindront les 29% en 2025. Or, les pathologies oculaires augmentent et nécessitent un suivi avec l’âge, d’autant que les méthodes diagnostiques, les explorations et la thérapeutique font des progrès considérables en ophtalmologie.
Depuis 2007, officiellement pour résorber les délais d’attente, les opticiens ont le droit, sous certaines conditions, de renouveler une ordonnance pendant trois ans. Or, l’expérience montre que non seulement cela ne modifie pas fondamentalement la situation, mais.que cela crée de nouveaux motifs de consultation à cause des retours d’opticiens !
Moins de 15% des demandes, hors urgences, ont à subir des délais importants, évalués « seulement » à 3 mois en moyenne. Il s’agit la plupart du temps des « nouveaux patients »
La solution orthoptie : Les ophtalmologistes resteront irremplaçables dans la majorité des cas, mais, à condition qu’on augmente très sérieusement et rapidement leur nombre, ils pourront s’appuyer efficacement sur les orthoptistes*
l’optométrie* à l’anglo-saxone n’est pas envisageable dans le système de santé français et ne saurait constituer une solution valable et pérenne aux problèmes de délais d’attente chez les médecins ophtalmologistes.
Il faut relativiser l’importance des délais d’attente, mais il ne faut pas les nier, car la situation peut s’aggraver très rapidement. Mais, il est plus que temps de prendre conscience que le plus important à l’avenir pour arriver à maintenir une prise en charge correcte de la population tout en relevant le défi technologique du progrès médical, est de former beaucoup d’ophtalmologistes, dans toutes les régions, afin d’assurer la relève de la génération actuelle.
Le développement de cabinets plus polyvalents permettant d’exercer l’ensemble des activités de la profession doit être favorisé par des mesures suffisamment incitatives, notamment dans les zones mal dotées.