ACADEMIE FRANCAISE D’OPHTALMOLOGIE (A.F.O.)
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Récemment, la Drees a publié une nouvelle étude :
La démographie médicale à l’horizon 2030 : de nouvelles
projections nationales et régionales détaillées
(dossiers solidarités et santé, N°12, 2009 ; K. Attal-Toubert ,
M. Vanderschelden). Elle expose comme d'habitude un scénario tendanciel (qui se produirait si rien ne
change dans les habitudes et l'attribution des postes) mais précise d'emblée que ce scénario est peu
probable, il conduirait en effet à beaucoup d'inégalités entre spécialités et régions. L’ophtalmologie verrait
alors ses effectifs décroître de 35,5 % à l’horizon 2030. Elle présente 11 variantes à ce scénario de référence.
Seules 3-4 ont un véritable impact et sont vraiment intéressantes.
La variante 7 propose de retarder de 2 ans l'âge de départ à la retraite ! L'effet est spectaculaire et quasi
immédiat pour limiter la pénurie médicale globale. Elle ne permet toutefois pas de corriger les inégalités
entre spécialités, mais elle peut venir en complément d'autres variables.
Les auteurs ont étudié deux variantes (11 et 12) pour limiter la pénurie d'ORL et d'ophtalmologistes.
La variante 11 attribue 7 points de plus à la filière chirurgie au détriment des autres filières (sauf méd.
générale). L'effet est très positif pour l'ORL, mais insuffisant pour l'ophtalmo (-21 % en 2030) et trop
bénéfique pour la chirurgie (+72 % au lieu de +40 %). Il y a aussi beaucoup d'effets négatifs sur certaines
spécialités médicales.
La variante 12 est de loin la plus intéressante. Elle modifie l'attribution des postes au sein de la filière
chirurgie : 25 % des postes à l'ophtalmologie au lieu de 16 % actuellement et +2 % pour l'ORL. Résultats : en
2030, le nombre d'ophtalmos ne baisserait que de 6 %
(au lieu de 35 %), idem pour les ORL, la hausse des
chirurgiens serait limitée à 22 % et les autres spécialités n'auraient aucun impact négatif. Si on ajouterait la
variante 7, il n'y aurait pas de baisse des ophtalmos en 2030 par rapport à aujourd'hui. Ca confirme ce que
nous disons depuis longtemps, le problème essentiel est celui de l'attribution des postes au sein de la filière
chirurgie et non le numerus clausus.
C'est la première fois qu'une étude officielle étudie des hypothèses pour éviter la baisse des ophtalmologistes
et montre que cela possible sans pénaliser les autres spécialités. C'est un tournant important.
L'étude se termine sur un long développement sur l'évolution globale de la démographie médicale dans
chaque région. Pour résumer très succinctement, les inégalités sont en constante diminution, mais elles vont
aussi changer. Les deux régions les mieux pourvues actuellement (PACA et Ile de France) vont rejoindre la
moyenne d'ici 2030. Comme nous le disons depuis quelques temps, le problème de la mauvaise répartition
est un problème dépassé. Les auteurs ne disent pas autre chose (p.47).
La Loi HPST de 2009 a changé profondément la donne pour l’avenir.
En effet, dorénavant (article 43), il va y avoir une filiarisation par spécialité et par subdivision d’Internat. Les
besoins en postes formateurs doivent être évalués par période de cinq ans à partir de 2010.
En mars 2010, le tome 3 du rapport 2008‐2009 de l'ONDPS a été publié, il concerne le renouvellement des
effectifs médicaux.
La première partie expose les données démographiques actuelles sur les internes.
Quelques éléments nous concernant : 276 internes inscrits au DES d'ophtalmologie en 2008-2009 (18 % des
effectifs de la filière chirurgie contre 22 % 2 ans auparavant). Augmentation importante des internes (toutes
spécialités) entre 2006 et 2008.
La deuxième partie expose des données sur les étudiants, les postes aux ECN par région, le vieillissement du
corps médical, le nombre d'enseignants par Interne et surtout
expose les résultats d'une évaluation des