ACADEMIE FRANCAISE D’OPHTALMOLOGIE (A.F.O.)
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2.2.
Quelle activité en ophtalmologie vers 2025 ?
Malgré tout ce qui vient d’être dit, il est intéressant et utile de se pencher sur l’évolution des
principales pathologies, sans cependant trop entrer dans le détail dans le cadre de ce rapport et en les
intégrant dans une vision d’ensemble.
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les troubles de la réfraction
Le tableau 33, fait avec l’aide d’AEC Partners, indique l’évolution des porteurs de lunettes et de
lentilles de contact entre 2000 et 2025 suivant les classes d’âge. Il s’agit d’estimations à partir de
chiffres actuels qui ont eux-mêmes une certaine marge d’erreur (de l’ordre probablement de 10%). Les
chiffres de la population pour 2025 sont ceux fournis par l’INSEE suivant son scénario central (modèle
2005). On peut en tirer quelques données intéressantes :
• Moins de 30 % des personnes de moins de 39 ans sont porteuses de lunettes
• Entre 40 et 49 ans, cette proportion monte à 60 % et à 74 % pour les personnes de la tranche
supérieure
• 90 % des plus de 60 ans portent de lunettes (données provenant de la dernière enquête SPS
de l’Irdes)
Il y a environ 31 millions de porteurs de corrections optiques en 2010 répartis en 2,3 M chez les
moins de 20 ans ; 16 M de 20 à 59 ans et 12,7 M chez les 60 ans et plus.
Les moins de 40 ans ne représentent que 23 % des porteurs.
La progression depuis 10 ans (3 millions) n’a concerné que les plus de 50 ans.
D’ici 2025, le nombre de nouveaux porteurs de corrections optiques ne devrait augmenter que de 12
% et cela ne concernera que les plus de 60 ans, qui ont besoin d’un suivi ophtalmologique régulier.
La population de plus de 60 ans pèsera pour près de la moitié des porteurs de lunettes mais cette
population sera également suivie pour des pathologies de l’œil comme le glaucome, la DMLA , la
rétinopathie diabétique ou la cataracte, voir un syndrome sec oculaire.
Ces chiffres expliquent d’une autre manière pourquoi les transferts de renouvellements chez les
opticiens ne peuvent qu’être limités. Les prescriptions optiques se feront souvent lors de ces suivis et
prises en charge sans nette surcharge de travail par rapport à aujourd’hui. Les besoins en consultations
à visée uniquement réfractive vont diminuer probablement, sauf si une épidémie de myopie apparaît,
en raison d’une légère contraction de la population des moins de 60 ans. Ces consultations réfractives
ne devraient guère représenter plus de 10 % de l’activité ophtalmologique globale. Il apparaît ainsi
qu’à l’avenir, le problème essentiel est bien celui de l’accès aux soins et à la prévention et non l’accès
aux prescriptions optiques, qui se fera souvent au décours d’un examen ayant aussi une autre justification. La
possibilité de renouvellement direct auprès des opticiens permet par ailleurs une alternative aux patients en
cas de problème purement réfractif (notamment les bris de lunettes).