ACADEMIE FRANCAISE D’OPHTALMOLOGIE (A.F.O.)
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La durée moyenne des listes d’attente sur le territoire est de 3 mois (source Magazine Que Choisir de juin
2010), essentiellement dans les zones où la densité en ophtalmologistes est inférieure à 8/100 000 h, ce qui
correspond à un peu plus de 7 millions d’actes. En fait,
plus de 50% des listes d’attente sont constituées de
patients n’attendant pas,
car ils sont dans un cadre d’examens périodiques prévus (glaucomes, DMLA,
cataractes, strabismes, suivis de pathologies diverses, contrôles postopératoires,…)
Il reste donc environ
3 millions de rendez‐vous qui sont réellement décalés
. Est-ce beaucoup ? Cela
représente
10 % de l’activité annuelle
. Donc, si les ophtalmologistes pouvaient brutalement augmenter
leur activité de 10 %, il n’y aurait pas de liste d’attente (mais surcoût pour l’Assurance Maladie). Il est à
noter que
depuis 1993
(point de départ des problèmes avec la stabilisation démographique),
l’activité par
ophtalmologiste a augmenté de 43 %
. Les ophtalmologistes ont donc fait des efforts considérables (qu’ils
continuent actuellement) pour s’adapter aux besoins de la population. Il y a simplement un décalage. Ce
dernier n’aurait pas eu lieu si l’ophtalmologie n’avait pas été pénalisée à l’intérieur du numerus clausus au
détriment des autres spécialités chirurgicales de 1990 à 2005.
Ce décalage est cependant résorbable en
quelques années en mettant en place une politique d’aides‐assistants
dans les cabinets d’ophtalmologie
en créant une équipe de soins autour de l’ophtalmologiste. Une délégation de tâches encadrée vers les
opticiens est utile, mais comme adjuvant. Il faut ici souligner que
la grande majorité des patients sur les
listes d’attente n’y sont pas pour un motif réfractif
et que les conséquences potentielles sont donc plus
graves que celles d’un retard de renouvellement d’équipement optique. Le problème essentiel des listes
d’attente n’est pas, comme cela est parfois dit, celui du retard à l’obtention d’une correction optique
(problème en fait secondaire vu que le taux de renouvellement d’un équipement optique est en moyenne
de trois ans et qu’une ordonnance de verres est renouvelable, sauf opposition, pendant également trois
ans), mais bien celui du retard de la prise en charge de pathologies oculaires, parfois graves (DMLA
décompensées, thromboses vasculaires rétiniennes, neuropathies optiques, uvéites, glaucomes évolués,
cataractes devenant totales…) pouvant conduire à la malvoyance, voire à la cécité non curable. Ceci
montre une fois de plus que l’urgence consiste à augmenter les moyens dans les structures de soins
ophtalmologiques et non en dehors d’elles.
Le mécanisme d’apparition des listes d’attente a été développé dans l’étude démographique de 2003 du
SNOF
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.
Depuis avril 2007, les opticiens ont le droit de renouveler les verres correcteurs. (cf. chapitre sur les
opticiens, pp 47-50). Les résultats ont été évalués récemment (cf. p 48) sur le mois de juin 2010. Ils
indiquent que
les renouvellements sur prescription datant de moins de trois ans représentent 17 % de
l’ensemble des lunettes délivrées. La part des renouvellements avec adaptation est de 40 % parmi ces 17
%, soit au final environ 7 % des lunettes délivrées.
D'après le SNIIRAM
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, 18,87 millions de verres et 8,6 M
de montures ont été prescrits en 2008 en médecine libérale ; 20,34 M de verres et 9,4 M de montures en
2009. Ces chiffres dépassent ceux d'avant 2007.
Cela confirme que le transfert d'activité vers les opticiens
ne peut être que très limité et difficile à mettre en place, et que cela ne diminue pas les besoins en
ophtalmologistes.
33
p.40-46.
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Institut Statistiques des Professionnels de Santé Libéraux (ISPL)