LES BESOINS EN OPHTALMOLOGISTES D'ICI 2030
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I.
Position du problème
La démographie médicale constitue un sujet sensible dans le développement des politiques de santé
depuis une vingtaine d’années. Ceci s’est encore accru avec la perspective d’une pénurie importante
de médecins à partir des années 2012-2013. Cette pénurie trouve son explication dans un relèvement
trop tardif du numerus clausus et dans un mauvais (voire une absence de) pilotage de la répartition
des postes formateurs entre les différentes spécialités et les régions. Le besoin de ne pas considérer
isolément la démographie médicale, mais au contraire de la positionner en fonction des acteurs
environnants (paramédicaux, industriels, distributeurs) et des bénéficiaires (malades, populations à
risques), est récent : le Rapport Berland d’octobre 2002 a amorcé cette approche. Depuis, de
nombreux travaux se sont penchés sur le devenir de la démographie médicale avec parfois une remise
en cause importante des idées et des travaux antérieurs. Un fait marquant a été la création de
l’ONDPS (Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé) en 2004. Il n’est plus
possible de ne pas tenir compte des besoins de la population, lesquels doivent intégrer l’évolution des
techniques médicales diagnostiques et thérapeutiques, et la légitime revendication de pouvoir en
bénéficier pour tout un chacun. Permettre un accès aux soins équitable à l’ensemble de la population
est devenu un devoir quasi régalien pour l’Etat.
L’ophtalmologie va, dans les vingt prochaines années, affronter les mêmes problèmes que le reste de
la médecine, avec cependant quelques particularités. La principale est que l’ophtalmologie est en
avance : en avance sur la pénurie annoncée de médecins, en avance sur l’augmentation de la demande
de la part de la population, en avance sur les effets du vieillissement (accroissement rapide du nombre
de cataractes par ex.), en avance sur l’énoncé des solutions et leurs expérimentations (stabilisation
démographique, délégations de tâches, complémentarités avec d’autres acteurs). Une des autres
particularités est que l’ophtalmologie est « maître d’œuvre » d’une véritable filière de soins, assez bien
individualisée (mais pas totalement) au sein de la médecine ; certains des acteurs de cette filière n’ont
que peu d’utilité en dehors d’elle. Le cas de l’ophtalmologie peut donc servir en quelque sorte
d’exemple pour d’autres spécialités médicales, mais avec certaines spécificités.
En 2006, le SNOF a publié un rapport détaillé sur la filière visuelle en France
1
. On pourra s’y référer
pour les aspects non purement démographiques.
1
L’ophtalmologie et la filière visuelle en France. Perspectives et solutions à l’horizon 2025-2030. Aspects démographiques, médicaux, paramédicaux,
juridiques et économiques. Dr Thierry BOUR et Christian CORRE. Avril 2006. 135p.